à l'arrière des taxis



Minuit passé, boulevard Rochechouart, nous sortons juste de l'Élysée Montmartre. Nous traversons la chaussée et montons dans le premier taxi dans la file des véhicules qui attendent les clients. J'annonce notre destination au chauffeur qui en retour nous demande si nous avons un itinéraire préféré. Il démarre, allume la radio et veut savoir si nous avons une station privilégiée. Il aimerait également savoir si la température dans l'habitacle nous convient.

Les oreilles encore bourdonnantes, nous discutons du concert de ce soir à l'arrière du taxi traversant Paris à vive allure. Nous sommes confortablement installés et l'ambiance qui règne dans le véhicule est très agréable, enveloppante. On aurait presque envie de prolonger l'expérience encore un peu plus. À peine 20 minutes plus tard, le chauffeur immobilise notre carrosse devant notre domicile. Je règle la course par carte bleue et laisse un pourboire au chauffeur qui nous souhaite une bonne fin de soirée. Je referme la portière arrière.

Blang, je me réveille en sursaut dans mon lit. Je sors de ce rêve, un peu désorienté. Pourquoi ce rêve dans un taxi ? Peut-être à cause de notre retour éprouvant hier soir. Loin de la description ci-dessus notre voyage en taxi était plutôt dans le genre cauchemar : énorme difficulté à trouver un véhicule libre, chauffeur mal aimable, conversation nauséabonde proche des idées du FN sur à peu près tous les sujets et compteur sur la mauvaise zone. À l'arrivée, ce fut, une fois de plus, une prise de bec avec le malotru.

Il est vrai que voyager en taxi en France et particulièrement à Paris relève le plus souvent du parcours du combattant : refus de course sans motif, radio sur "Rires et chansons" à fond dans l'habitacle, tentative de parcours touristique histoire de gonfler la course, oreillette à l'oreille du chauffeur en conversation avec un interlocuteur (on a souvent peur de le déranger pour lui dire que l'on est arrivé à destination), terminal carte bleue "en panne" comme d'habitude...

Nous sommes bien loin du service attendu, car en effet, et parfois il faut le rappeler, nous payons pour être transportés. Ce n'est pas un service gratuit qu'ils nous rendent. Alors oui, il y a des chauffeurs sympas et honnêtes, mais je ferais la répartition de la façon suivante : 20 % de courses agréables, 60 % de courses où cela ne se passe pas très bien et 20 % où l'on se trouve dans l'arnaque, l'agression du client.

Chauffeur de taxi, ce n'est pas un métier facile, mais il faudrait qu'ils commencent par respecter leurs clients et positiver un peu leur fonction. Il faut dire que ce secteur est propice au n'importe quoi : zone horaires jour de 10h à 17h, qui ne veut rien dire (la nuit dure 17 heures !?), les sociétés de taxi ont la possibilité de faire payer deux fois la réservation d'un véhicule (au moment de la réservation et le lendemain lorsque le taxi arrive avec environ 10 euros au compteur) contrairement à de nombreux pays où la réservation est gratuite, très peu de contrôles des abus...

Un peu énervé, je me retourne dans mon lit et tente de me rendormir avec la chanson de Lenny Kravitz en tête : "Mr. Cab driver, fuck you, I'm a survivor".


song "à l'arrière des taxis" by NOIR DÉSIR
photo "taxi parisien" : INASIAJONES

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