the lovecats























Pour ceux qui n'avaient pu voir le film Les chats Persans à sa sortie en décembre dernier, et ils doivent être nombreux car le film du réalisateur kurde iranien, Bahman Ghobadi, a été assez mal distribué (peu de salles et sortie deux jours avant noël), le DVD sort enfin.

Les chats Persans, c'est l'histoire de deux jeunes musiciens iraniens, Negar et Ashkan, qui après avoir été emprisonnés, décident de fuir leur pays. Mais avant de partir, ils veulent monter un groupe d'"indie rock" et organiser un concert clandestinement. Il faut préciser que ces deux choses sont complétement interdites en Iran. Ils font alors la rencontre de Hamed qui les accompagne dans leur recherche de musiciens et les aide à trouver des faux papiers pour rejoindre l'Europe. Ils parcourent à moto le Téhéran underground et nous présentent tous les courants musicaux joués dans des caves ou des étables : du Metal au Rap, en passant par le shoegazing.

Le film, sélectionné dans la section "Un certain regard" au Festival de Cannes 2009, est une fiction tournée comme un documentaire, où les acteurs amateurs rejouent des scènes ayant vraiment existé. Les chats Persans a été tourné illégalement en un peu plus de deux semaines. C'est là que cela devient intéressant, car le jeu de cache-cache des musiciens avec la police et les autorités que l'on voit à l'écran est également ce qu'ont vécu le réalisateur, ses acteurs et l'équipe technique. Les autorités ne sont bien sûr pas très bien traitées, le film montrant l'absurdité de ces lois interdisant toutes les musiques et n'hésite pas à tourner les policiers et magistrats en ridicule. Car bien que la situation en Iran soit particulièrement difficile, le film montre l'espoir de la jeunesse au travers de la musique, des nouvelles technologies qui sont comme des bouffées d'air frais dans cet enfermement forcé. On a donc l'occasion de rire assez souvent dans ce film, comme lorsque Negar et Ashkan vont voir un groupe de Métal répéter dans une étable et où les vaches n'apprécient pas vraiment.

Outre la qualité formelle du film, la musique est une vraie réussite. A l'instar de Fatih Akin, qui nous donnait avec Crossing the bridge un aperçu des différentes musiques à Istanbul en 2005, Les chats Persans démontre que les jeunesses du monde entier se ressemblent aussi bien au niveau des musiques qu'elles écoutent, qu'au niveau de leurs aspirations. Problème pour le moment, la seule solution a court terme semble être l'exil, car les dernières manifestations de rues sont restées sans effet. Exil choisi par le réalisateur et la quasi totalité des acteurs. Bahman Ghobadi, en décembre dernier, faisait malgré tout cette déclaration d'un relatif optimisme sur son pays dans Les Inrockuptibles : "On pourrait comparer le peuple iranien à une personne dans une piscine et à qui l'Etat maintient la tête sous l'eau pour la noyer. Cela fait trente et une secondes qu'on la maintient ainsi sous l'eau, soit les trente et un ans du régime actuel. D'un coup, la personne en apnée a sorti la tête de l'eau, crié, respiré un grand coup, mais la main de l'Etat l'a tout de suite repoussée sous l'eau. Sauf que cette fois, la personne ne restera pas trente et une secondes sous l'eau, elle ressortira avant !". Encore une seconde de passée...


song "the lovecats" by THE CURE
photo : Les chats Persans by BAHMAN GHOBADI, 2009
poster by SHEPARD FAIREY 

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