Comme chaque année à la même période, pour les passionnés de football américain c'est le climax de la saison : la finale du Super Bowl. La XLVIIe finale opposant les Baltimore Ravens aux San Francisco 49ers sera encore l'événement sportif de l'année outre-Atlantique. Chez nous, ce sport méconnu n'est souvent traité qu'au travers de ce grand barnum médiatique, qui ne montre pas vraiment l'importance que le football peut avoir dans la culture américaine. Pour l'appréhender à sa juste valeur, la série Friday Night Lights est indispensable.
Tirée d'un roman de Buzz Bissinger, cette série comprenant 5 saisons, programmée entre 2006 et 2011, raconte l'histoire d'une petite ville du Texas, Dillon, dont la population ne vit et ne vibre que pour l'équipe de football américain du lycée. Comme dans beaucoup de petites villes de province, le sport est souvent la seule occupation pour la jeunesse locale.
Il ne faut pas s'arrêter au football, car même si c'est un thème important de la série, ce n'est pas ce qui fonde le principe fictionnel de la série. Le football est moins important qu'il n'y parait, il sert d'allégorie de la vie de la communauté de Dillon. Le terrain de foot est le théâtre des conflits au sein de la population, il symbolise sa cohésion sociale. Au sein de cette communauté, nous suivons le destin d'adolescents, leurs relations conflictuelles, entre eux et avec certains de leurs parents.
FNL parle donc de ce sens de la communauté cher aux Américains, du sens des responsabilités, du sacrifice de soi, de voir au-delà des différences, de la place de la religion dans le pays mais aussi des relations amoureuses qui se font et se défont. Ce rêve américain rarement atteint dans la réalité, ne tient ici que dans un équilibre fragile. Il a besoin d'un réajustement permanent. C'est quasiment une étude micro sociétale de l'Amérique ordinaire que propose la série. Ce qui résume le mieux FNL, c'est le cri de guerre de l'équipe des Dillon Panthers : "clear eyes, full heart, can't lose". Peu importe la victoire ou la défaite, le plus important c'est de toujours faire le maximum et de se comporter le mieux possible au sein du groupe.
La ville de Dillon représente l'Amérique du milieu, située entre les 2 côtes. Il est d'ailleurs très rare que les séries s'aventurent hors des mégalopoles américaines (dernièrement, Justified, une autre série également recommandée se déroule au milieu du Kentucky). Cet éclairage, certes partiel, est donc important pour se réconcilier avec cette Amérique qu'ici on a souvent du mal à comprendre.
Même si l'on n'a pas besoin d'aimer le football américain pour apprécier la série, il faut préciser que les scènes de matchs sont palpitantes et très bien filmées. Il est souvent compliqué de rendre crédible les sports d'équipe à l'écran. Ici, le parti pris de filmer façon documentaire donne un sentiment d'authenticité. NFL a défini son identité visuelle dès ses débuts grâce à la réalisation naturaliste de Peter Berg. L'écriture est riche et le récit nous emmène dans une sorte de grand huit émotionnel où on se laisse porter avec plaisir.
Ce sens du mélodrame est remarquablement servi par la parfaite distribution. Chacun des personnages trouve sa place pour évoluer au fur et à mesure des saisons, où certains seconds rôles prennent plus d'importance. La fin de la saison 3 voit même le départ à l'Université, et donc de la série, des cadres de l'équipe. Une nouvelle équipe voit le jour. Ce pari risqué est une véritable réussite. L'histoire de la communauté apparait donc plus importante que celle des individus qui la compose. Les auteurs de FNL réussissent a créer une trame narrative très efficace simplement en développant les choses de la vie de tous les jours. C'est là la véritable force de la série : créer une tension en distillant d'infimes détails réalistes qui font ressortir de façon subtile le côté humaniste des personnages.
Quelques personnages forts ressortent néanmoins particulièrement. À cet égard, Tim Riggins (joué par Taylor Kitsch), sorte de Rebel without a cause, est sûrement le plus attachant. Le taiseux mais charismatique coach Eric Taylor (Kyle Chandler), éducateur parfait, impressionne par sa droiture. Véritable figure paternelle pour l'ensemble de l'équipe, il devient le pilier de cette communauté au cours des saisons. Héros positif, antithèse de Jack Bauer (24) ou de Vick Mackey (The Shield), il marque un renouveau dans la représentation du héros moderne. On pourrait aussi parler de Jason Street (Scott Porter) l'ancien quaterback de l'équipe qu'un mauvais placage a mis dans un fauteuil roulant, Smash Williams (Gaius Charles) la star afro-américaine de l'équipe ou Matt Saracen (Zach Gilford) le nouveau quaterback, qui tous deux doivent subvenir aux besoins de leur famille respective, ou encore la superbe pom-pom girl Lyla Garrity (Minka Kelly)...
Cette série, qui n'aura pas rencontré le succès mérité même aux USA, n'aura reçu aucune récompense. Elle fût même déprogrammée à la fin de la saison 1 avant de renaître sur Direct Tv. Pépite méconnue, appréciée de quelques connaisseurs ès séries, NFL restera néanmoins comme une des meilleures séries des années 00. Les lumières du vendredi soir se sont définitivement éteintes l'année dernière mais rien ne vous empêche de les rallumer tranquillement chez vous, assis dans votre canapé.
song "are you ready for some football" by HANK WILLIAMS Jr
friday night lights - Saison 1 à 5 (Universal Studio)
photos from friday night lights
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