thank you satan



Rock & religion - Dieu(x) et la musique du diable, ce petit livre écrit par Fabien Hein, docteur en sociologie et amateur de rock, constate les liens entre rock et religion. Il y présente le rock comme une véritable religion, un culte avec ses divinités, ses missionnaires et ses gardiens du temple. Il précise également les rapports entre ce courant musical, qui trouve sa source dans le blues et qui est apparu à la fin des années 50, et les différentes grandes religions. Certains artistes ayant choisi Satan et d'autres ayant préféré rester du côté de Dieu.

Dès son apparition le rock a été rejeté par les différentes religions car présumé musique déviante. Ses premiers représentants, que ce soit Elvis ou Jerry Lee Lewis, par leur comportement, défiaient les autorités religieuses. Les célèbres déhanchements du King, sexuellement explicites, ou les mœurs avouées du Killer, qui n'hésite pas à mettre le feu à son piano sur scène, sont de véritables provocations aux yeux de l'Église. Ainsi le rock allait soit-disant pervertir la jeunesse du monde et la faire sortir du droit chemin. Les religions voyaient d'un très mauvais œil ce palliatif, cette culture rock dans laquelle certains entrent comme on entre en religion. Où des stars y sont adulées, sacralisées et idolâtrées.

Jusqu'à l'apparition du blues, la musique était souvent proche des croyances et des religions. Le blues, avant le rock, connut donc les foudres des religions, car les paroles de chansons faisaient souvent référence à la tentation du Diable. Me and the devil blues de Robert Johnson en est le parfait exemple. On disait même sérieusement que ce dernier avait fait un pacte avec le Diable. C'est donc dans ces racines sulfureuses que le rock a pioché pour se développer, parfois même par pure provocation et intérêt mercantile. Car s'opposer aux religions est aussi un excellent moyen de faire parler de sa musique. Rien ne vaut un bon scandale pour vendre des disques ! Des groupes majeurs comme les Beatles (Their satanic majesties request) ou les Rolling Stones (Sympathy for the devil) n'ont jamais hésité à faire référence au Malin dans leurs textes ou titres de chanson. Plus récemment, des artistes comme Marilyn Manson ont fait du satanisme leur fonds de commerce. Cela reste donc très folklorique, à part dans le cas de la scène black métal norvégienne, très jusqu'au-boutiste dans ses pratiques et croyances. Beaucoup d'artistes ont flirté avec la bible satanique d'Anton LaVey, mais jamais bien longtemps. Il s'agit le plus souvent d'une posture plutôt que d'une véritable croyance.

Le plus souvent, les artistes "attirés" par le Diable, qui ont connu tous les excès en début de carrière, retrouvent l'autre versant et reviennent dans le giron de l'une ou l'autre des grandes religions. Les revirements de bord sont légion : c'est Cat Stevens qui se convertit à l'Islam, ou encore George Harrison qui se convertit à l'Hindouisme. Et bien sûr, pas à une contradiction prêt, ils deviennent le plus souvent les représentants les plus fervents de leur nouvelle religion, n'hésitant pas à faire du prosélytisme dans leurs textes. Car en effet le rock compose avec toutes les religions, un certain nombre de groupes et d'artistes a consacré des chansons à leur amour pour Dieu, quel qu'il soit. Cela va des déclarations de Madonna ou Bono, le chanteur de U2, jusqu'au plus récent rock "chrétien", entièrement prosélyte.

L'ouvrage de Fabien Hein est très bien documenté, les anecdotes et les exemples sont nombreux. Il ne présente pas les défauts de certains travaux de sociologues trop fastidieux à lire par manque de références du lecteur dans ce domaine.


song "thank you satan" by LÉO FERRÉ
rock & religion by FABIEN HEIN (Les cahiers du rock)
photo : Robert Johnson
graffiti "sitting kid" with stencil by JEF AEROSOL

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